IX
UNE NOCE BOURGEOISE
Cécile avait demandé que le mariage se fasse au plus tôt. Maintenant que son sort était décidé, elle avait hâte de quitter la maison de son oncle. Aussitôt que M. Louis Caillandre apprit la réponse de la jeune fille, il montra une joie d’enfant ; il n’osait pas espérer qu’une aussi belle femme fût jamais à lui. Mme Maubernard et Mme Hampy partagèrent son bonheur. La demande en mariage fut faite officiellement par M. et Mme Farnarier. On vit arriver un petit vieux, tremblotant, ratatiné, chauve, frileux, que sa femme, une grosse dame lente et timide, déballa avec précaution d’un fouillis de pardessus, de foulards et de châles. Des paroles entrecoupées et chevrotantes accompagnaient les gestes tremblants du vieux monsieur, sa compagne approuvait toutes ses phrases en balançant un prodigieux chapeau vert qui élargissait son dôme feuillu au-dessus de sa figure vulgaire. Ils se montrèrent hésitants et gênés, et Mme Pioutte eut beaucoup de peine à soutenir la conversation. À tout moment, ils se consultaient du regard pour savoir si ce ne serait pas décent de s’en aller. Enfin, le petit vieux se leva, sans attendre l’arrivée de son petit-fils, et sa femme le renferma aussitôt dans son amas de vêtements dont elle calfeutra soigneusement toutes les ouvertures.
Louis Caillandre apporta, le soir même, la bague de Cécile, une topaze assez belle entourée de diamants. C’était évidemment un bijou de famille qu’il avait fait remonter, pour la circonstance. À l’annulaire de sa fiancée, elle faisait grand effet, mais Cécile se disait tout bas qu’elle était plate, large, et qu’elle témoignait du mauvais goût de Caillandre.
On donna le repas de fiançailles, le dimanche soir. M. Augulanty, Mme Maubernard et Me Lacreu, un notaire qui avait été l’ami de M. Pioutte, y assistaient. On