conseils de sa mère qui lui recommandait l’économie et lui disait que si elle consentait à lui donner cette somme énorme, c’était pour qu’il puisse subvenir aux premiers frais nécessités par la naissance de son enfant.
Le soir, Mme Pioutte eut une longue entrevue avec son frère, et, le lendemain, l’abbé Barbaroux se rendait chez son notaire, Me Garoutte, qui, le connaissant de longue date, lui facilita l’affaire. Il lui trouva quelqu’un qui prît sur l’immeuble de la rue Saint-Savournin une hypothèque de vingt mille francs. Quelques jours après, le vieux prêtre remettait la somme à sa sœur, qui l’en remercia, les larmes aux yeux.
— Tu les placeras comme tu voudras, dit-il, tu t’y entends mieux que moi à ces choses d’argent. Consulte ton agent de change et achète à Cécile de bonnes valeurs de tout repos…
Dès qu’il eut touché ses quinze mille francs, Charles partit aussitôt pour Paris. Mme Pioutte apprit alors à Cécile que son oncle, en plus du trousseau qu’il lui donnait, lui constituait une dot de cinq mille francs. Mais l’orgueilleuse jeune fille secoua sa belle tête impériale et fronça les sourcils.
— Je n’en veux pas, dit-elle, c’est encore une charité ! Mme Pioutte fut très effrayée. Elle n’avait pas prévu cela. Elle parla une heure pour que Cécile acceptât et remerciât son oncle. Quand elle l’eut enfin décidée, elle lui dit :
— L’abbé est désolé de te donner si peu. Mais ses affaires ne sont pas brillantes ! Il souffre de ne pouvoir faire davantage, il trouve cette somme dérisoire. Alors je t’en prie, Cécile, garde-toi bien, en lui parlant, d’énoncer un chiffre. Ton oncle est assez susceptible, il croirait que c’est par ironie.
Cette bonne pensée mit du baume sur la blessure dont souffrait l’amour-propre de Cécile. Elle témoigna à son oncle une reconnaissance assez chaleureuse. Il embrassa la jeune fille sur le front :
— Ma chère enfant, tu sais que j’aurais voulu faire plus encore. Ma position ne me le permet pas. Mais je suis heureux que tu me doives ton bonheur, puisque