contré, tantôt, M. Augulanty et qu’il avait causé quelques minutes avec elle, plus amicalement que d’ordinaire. Elle s’en étonnait.
Deux journées passèrent. Mme Pioutte semblait avoir oublié le mariage de Cécile et la scène qu’il y avait eu entre elles. Mais la jeune fille ne se dissimulait point le mensonge de ce calme apparent. Elle savait trop bien ce que cachaient la bienveillance et l’air bénin de sa mère, et elle se préparait à subir un nouvel assaut.
Le matin suivant, Mme Pioutte entra dans la chambre de Cécile d’un air décidé qui éclaira la jeune fille. Il était de si bonne heure que Cécile était encore au lit.
Mme Pioutte s’assit sur un prie-Dieu, se frotta le bras droit avec la main gauche, de son geste habituel de rhumatisante, et commença de cette voix aigrelette et sèche qu’elle avait quand elle parlait d’affaires ou quand elle récriminait, — sa voix véritable, en un mot :
— Je pense, Cécile, que tu as eu le temps de réfléchir à tout ce que je t’ai dit, l’autre jour…
Cécile agita affirmativement sa belle tête orgueilleuse et pâle, où le pli d’amertume et de défi se creusait davantage aux coins des lèvres.
— Je ne te fais pas l’injure de croire que les raisons sérieuses que je t’ai données n’ont pas ébranlé ta foi dans les extravagances que tu m’as servies. Tu es, je pense, arrivée à un âge où l’on dirige sa vie avec son jugement, et non pas avec des phrases. Par conséquent, je suis sûre d’avance que tu es décidée à épouser M. Caillandre.
— Pardon, maman, je ne suis pas décidée du tout, dit Cécile, avec le plus grand calme.
Mme Pioutte eut un mouvement de colère, ses joues sèches et jaunes s’empourprèrent, sa main, posée sur son genou pointu, s’agita convulsivement. Elle contint, avec peine, la fureur qui gonflait ses veines. Elle reprit, cependant, d’une voix dont elle s’efforçait de déguiser le tremblement :
— Ah ! tu n’acceptes pas M. Caillandre ? Et pourquoi, s’il te plaît ?
— Je te l’ai déjà dit, répliqua Cécile, d’un ton d’ennui profond. À quoi sert de revenir là-dessus ? Il est inutile