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lonté une barrière infranchissable aux vœux de sa mère.

Cécile se leva tout à coup et commença de se déshabiller. Elle ôta son chapeau, en face de la glace, et dégrafa rapidement son corsage. Quand elle l’eut enlevé, elle le jeta à l’autre bout de la chambre, puis elle contempla longuement la claire image de son cou lisse, de ses épaules et de sa poitrine en pente douce. Et soudain, elle s’élança vers sa mère.

Elle lui mit sous les yeux et sous le nez ses bras frais, ses poignets veinés de bleu, toute sa chair mate et brune, d’où montait une bonne odeur de sève et de jeunesse, et elle lui cria avec une sombre violence :

— Regarde-moi donc ! Regarde mes épaules, mes bras, ma gorge ! Ne suis-je pas belle ? Mais belle à créer des émeutes ! Et crois-tu que tout cela ira à un Caillandre, crois-tu qu’un Caillandre aura cette poitrine, ces lèvres, ce corps ? Non, ce n’est pas pour lui, il n’est pas digne d’être aimé d’une femme comme moi ! Mais il n’oserait même pas me toucher ! cria-t-elle, avec un nouvel éclat de rire hystérique, cela l’aveuglerait, l’éblouirait ! Ah ! vous avez la main heureuse ! Un Promase et un Caillandre !

— Tu es souverainement inconvenante, ma fille, dit Mme Pioutte, suffoquée. Si ton oncle t’entendait…

— Eh bien ! oui, je suis inconvenante, je le sais, et puis après ? Je suis lasse de toujours mentir. Comme si je ne savais pas ce que les hommes veulent de nous ! Mais j’ai vingt-cinq ans, ma mère. Et d’ailleurs, je suis une révoltée, entends-tu, une révoltée…

— Je ne te reconnais pas, Cécile, fit Mme Pioutte ahurie.

— Je le sais bien ! Comment pourrais-tu me reconnaître ? Tu ne me connais même pas. Tu ne sais rien de moi. Eh bien, oui, je jette le masque, voilà tout !

— Tais-toi, Cécile, tu es folle ! J’ai honte de toi. Tu as donc perdu toute retenue, toute pudeur pour parler ainsi ! Moi, qui suis ta mère, je n’oserais pas m’exprimer comme tu le fais !

— Oh ! toi, tu as passé l’âge où l’on s’exprime ainsi ! — Mais ne sais-tu pas, cria Cécile, plus violente encore,