bonne Gaudentie. Elle apprit avec joie l’enthousiasme de l’abbé Barbaroux et quels renseignements avaient donnés M. Médizan et l’abbé Tacussel.
On était au lundi. Il fut décidé que l’entrevue entre Louis Caillandre et Mlle Pioutte se ferait, le jeudi suivant, au Jardin Zoologique, autour du kiosque de la musique militaire.
Quand sa mère lui apprit cette grande nouvelle, Cécile parut aussi indifférente que d’habitude et eut un sourire dédaigneux. Sa mère la querella à ce sujet, et Virginie, qui assistait à l’algarade, éclata de rire :
— C’est tout à fait nouveau, dit-elle, une mère qui reproche à sa fille de ne pas montrer assez de joie à voir son fiancé !
— Oh ! il ne l’est pas encore ! répondit Cécile, avec calme.
Sa mère lui jeta un regard furieux, mais n’osa rien dire.
Le jeudi, elle s’occupa, dès le matin, de la toilette de sa fille. Quelle robe mettrait-elle, quel chapeau ? Et de longues discussions commencèrent.
Cécile voulait s’habiller très simplement, sa mère soutenait qu’elle devait exhiber tout ce qu’elle avait de plus beau, puis elle la trouva mal coiffée, et, à onze heures du matin, la jeune fille dut refaire entièrement sa coiffure. Le repas se passa en criailleries. Virginie riait, et ce fut à peine si Cécile et sa mère purent être prêtes à quatre heures.
Elles partirent à la hâte, se croyant en retard. Pourtant, quand elles arrivèrent au Jardin Zoologique, en sueur, haletantes, elles virent que Mme Maubernard et M. Caillandre n’y étaient pas encore. Elles s’assirent sur le terre-plein qui entoure le kiosque à musique. Les militaires jouaient un pot-pourri d’un musicien oublié, sur un opéra inconnu.
Non loin de là, il y avait une petite mosquée mauresque, avec un palmier si raide qu’il semblait découpé dans du zinc, et un chameau aux poils bourrus, aux genoux protubérants, se tenait immobile, derrière la grille, le museau élevé, dans la posture d’un muezzin. Ailleurs, des poules tournaient dans leurs cages, un paon éblouissant rouait