tique que cette simple déclaration parut au vieillard l’arrêt même de la Fatalité.
— Mais pourquoi ? s’écria-t-il enfin, affolé par le chagrin, le mystère et la blessure que cette déception faisait à sa paternité spirituelle. Un mariage ne se rompt pas sans raison.
Puis, hochant la tête, avec gravité, il leva les bras au ciel et proclama :
— Le Christ saccage en nous tout ce qui est humain. Mon Dieu, vous voulez m’éprouver. Merci. Il est noble et doux de souffrir comme vous l’avez fait.
Gaudentie, après avoir repris haleine, consentit à raconter à son frère la débâcle de leur projet.
— Je t’ai dit que M. Caillandre consentait à prendre Cécile sans dot. Il n’est pas intéressé, ce jeune homme. Malheureusement, il a des parents qui n’ont pas entendu de cette oreille. Tu sais que M. Caillandre a perdu ses parents, tout jeune, et que c’est Mme Hampy, qui a achevé son éducation, aidée en cela de M. et de Mme Farnarier, ses grands-parents maternels, d’anciens portefaix enrichis. Ils ont été tenus au courant, bien entendu. Quand ils ont su que Louis voulait épouser une jeune fille pauvre, ils ont été très étonnés. Ils ont déclaré qu’ils refuseraient leur consentement, que jamais ils n’accepteraient que leur petit-fils se mette en ménage sans rien. On a eu beau leur parler des qualités de Cécile, leur dire comment elle a été élevée, vanter son économie et ses principes, rien n’y a fait. Ils sont très têtus, ils répètent qu’un jeune homme qui apporte une certaine somme, par an, dans le ménage, doit choisir une jeune fille qui ait un revenu équivalent. Et Louis a beaucoup d’affection et de respect pour eux, jamais il ne voudra leur désobéir en se mariant sans leur autorisation…
— Mais je les verrai, moi, ces Farnarier, s’écria l’abbé, je leur parlerai…
— N’en fais rien, s’écria Gaudentie, vivement. Comment, nous aurions l’air de leur jeter Cécile à la tête ? Cela ne serait pas digne…
— Tu as raison, Gaudentie. Mais… ils demandent une forte dot ? demanda l’abbé, avec une anxiété visible.