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L’abbé Barbaroux devait se souvenir plus tard de ce jugement.

M. Médizan, le directeur du Crédit Parisien, un grand monsieur rasé, sec et condescendant, lui fournit également des renseignements parfaits sur son caissier en qui il estimait surtout le bon employé, exact, probe, méticuleux et correct.

Comment ce bon M. Barbaroux n’eût-il pas été ravi ? Que vouliez-vous qu’il fît en face de tant de louanges et de compliments ? Il remercia le ciel avec ferveur de sa protection si visible et courut conter à Gaudentie le résultat de ses entrevues. Ils s’exaltèrent ensemble et pleurèrent d’attendrissement sur le bonheur qui allait échoir à Cécile, ils firent mille rêves, cent projets d’avenir et partagèrent leur joie, comme ils avaient souvent partagé leurs peines.

Et soudain Mme Pioutte mit à éviter son frère autant d’affectation qu’elle en montrait jadis à le chercher. Elle se glissait discrètement dans les corridors, osant à peine respirer, de peur d’être entendue de lui. Elle ne bougea plus guère de sa chambre, et, plusieurs fois, s’y fit servir son repas. Et quand, par hasard, elle croisait l’abbé, elle montrait une figure si triste et elle soupirait tant qu’une taupe en eût été frappée. Certes, la malice était cousue de fils blancs, mais l’abbé était un peu myope, comme on sait. Il avait beau, cependant, ne pas être observateur et vivre, dans son imagination mystique, sans trop remarquer ce qui se passait autour de lui, il ne put s’empêcher de voir combien, en quelques jours, Mme Pioutte avait changé. Elle ne se plaignait de rien, mais ce silence plein de dignité parut à l’abbé plus pesant et plus redoutable encore que n’importe quelles plaintes.

Un jour même, Théodore, croyant entrer à l’improviste au salon, y trouva Mme Pioutte, qui essuyait avec un mouchoir ses yeux pleins de larmes et qui fit en entendant s’avancer son frère un mouvement visible pour dissimuler son chagrin.

— Qu’as-tu donc, ma bonne Gaudentie ? s’écria l’abbé, en s’élançant vers sa sœur. Depuis quelques jours, tu n’es plus la même…