glace. Sa chevelure nombreuse, glissante, abondante, ondulée, lui tombait jusqu’aux reins. Il y avait dans toute la personne de la jeune fille un air magnifique de conquête et de défi. Ses sourcils arquaient leur courbe élégante, comme un pont sous lequel coulait un regard intense, brûlant, plein de fièvre et d’orgueil.
Mme Pioutte s’assit devant le feu, se plaignit de sa santé, déclara qu’elle vieillissait de jour en jour et parla de la mort. Ses lamentations furent obscures et longues. Elle dit enfin que ce serait une grande consolation pour elle que de laisser ses filles mariées.
— Mais, maman, fit Cécile, avec humeur, est-ce notre faute, si nous ne nous marions pas ? Nous ne demandons pas mieux, Virginie et moi.
— Vous dites cela, et quand il se présente un parti, vous le refusez…
— Oh ! parce que j’ai refusé cet avorton de M. Promase… D’ailleurs, il y a déjà deux ans de cela. J’en ai vingt-cinq maintenant, et je suis réellement si lasse et découragée de la vie que je mène que j’accepterais n’importe qui…
Mme Pioutte n’attendait que cet aveu qu’elle avait soigneusement préparé par ses récriminations. Elle annonça aussitôt qu’il se présentait pour sa fille un parti brillant, inattendu…
— Qu’est-ce que c’est que ce parti inattendu ? demanda Cécile, avec mépris.
— Il est caissier dans une banque.
— Enfin, c’est un employé…
— Oui, mais un employé supérieur.
Ni le nom du monsieur, ni sa situation n’enchantèrent Cécile. Mais elle consentit cependant à ce que sa mère donnât suite au projet, en se réservant toutefois de refuser catégoriquement si le prétendant ne lui plaisait pas.
Mme Pioutte courut chez Mme Maubernard. Elle habitait, rue des Cyprès, le second étage d’une maison de trois fenêtres qui paraissait plus antique, plus sombre, plus démodée encore, s’il est possible, que ses voisines. Mais Mme Maubernard y demeurait peu, vivant de préférence chez ses amis. Elle n’y rentrait guère que pour