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Non, il ne disait rien de tout cela, mais ce qu’il cachait ainsi avec tant de peine, sa figure le criait. Cette fois, la violence foncière de sa nature, le sentiment que tout était perdu, sa rage triomphaient de son hypocrisie. Ce n’était plus sa volonté qui modelait sa figure, mais sa rancœur et sa révolte contre le destin, et ce visage âpre, tourmenté, contracté, ces yeux injectés de sang, ce teint livide, marqué de taches rouges, racontaient mieux que ne l’eussent pu faire des paroles, son désespoir haineux, sa surprise, sa fureur. En le voyant ainsi, l’abbé Barbaroux se rappela tout ce que lui avait dit Mathenot, il retrouva dans Augulanty l’ami et le complice de sa sœur, un être ligué dans le complot formé contre lui. Il se redressa et lui dit :

— Mon Dieu, monsieur Augulanty, vous êtes bien bouleversé !

L’économe reprit un peu de son habileté.

— Ah ! monsieur l’abbé, quand je vois tout ce que vous avez fait pour cette enfant et la manière dont elle vous en récompense, comment voulez-vous que je ne sois pas bouleversé ? Quand je vois cette jeune fille, élevée avec tant d’exemples chrétiens, devenir une femme perdue…

Mais l’abbé Barbaroux ne le laissa pas continuer. Indigné de tant de fourberie, il s’écria :

— Et surtout quand vous voyez que ce départ détruit vos calculs, quand vous voyez que vous ne pourrez pas l’épouser et prendre après moi la direction de l’école, n’est-ce pas, monsieur Augulanty ? Et quand vous voyez que cela ne vous a servi à rien de terrifier Mme Pioutte en lui faisant redouter la révélation de secrets… que nous savons tous ici ! Allons ! cessez cette comédie !

Il parut que le digne M. Augulanty venait d’être foudroyé. Il reculait, l’échine basse et souple, comme un chien battu, le dos rond, la tête courbée. Il n’était plus livide, mais vert. Dans un mouvement plein de gêne, il pressait et maniait ses mains croisées sur le creux de l’estomac, et l’on entendait craquer les phalanges de ses doigts.

M.  Barbaroux lui désigna la porte. Il s’effaça.