En attendant, comme il avait à cœur de réparer l’injustice commise envers Mathenot, il se mit en route pour le trouver le lendemain même de sa visite à Mme Caillandre. Il s’excusa de l’avoir renvoyé, et le supplia de revenir chez lui. Mathenot accepta. Quand les pas de l’abbé Barbaroux se furent éloignés sur le palier, Mathenot se dit :
— Je crois qu’Augulanty est bien bas. L’esprit du démon va enfin quitter cette demeure qu’il a souillée si longtemps. Et l’abbé Barbaroux et moi, nous la purifierons !
Barbaroux n’avait donné à Augulanty aucune explication en lui annonçant que Mathenot quittait l’école Saint-Louis-de-Gonzague. L’économe, qui ne se méfiait pas du prêtre, ne s’en était pas étonné, mais lorsque son directeur lui annonça le retour du professeur, il manifesta sa surprise.
— Mais ne l’aviez-vous pas renvoyé, monsieur l’abbé ?
— La raison pour laquelle nous nous étions quittés n’existe plus, dit laconiquement Théodore.
— C’était donc une raison bien éphémère, fit Augulanty, avec un sourire engageant.
— Vous l’avez dit, répondit l’abbé, sèchement.
Augulanty jeta un regard sournois sur son directeur. Depuis quelques jours, il le trouvait avec lui moins cordial et plus fermé. Cette méfiance soudaine lui déplaisait. « Il faut que je veille ; c’est louche, il y a quelque chose qui ne va pas. » Et il se demanda si Mathenot n’était pas au fond de ce problème. « Méfions-nous, » conclut-il.
Le lundi, Mathenot reparut, raide, austère, brusque comme à son habitude. Augulanty, qui l’observa avec inquiétude, le retrouva tel qu’il l’avait toujours connu. « J’aurai l’œil sur ce bonhomme, » pensa-t-il.
Barbaroux n’avait encore rien dit à sa sœur. Il se tut aussi le lendemain et toute la semaine.
Le jeudi suivant, huit jours après sa visite à Cécile, il prit définitivement une décision.
— Je me séparerai de ma sœur, je l’enverrai à Sanary avec une pension. Quant à Charles, qu’il se débrouille !