crut qu’il devenait fou et le regarda avec angoisse.
— Ah ! Mathenot, ce que vous me dites là me rassure ! J’espère que les renseignements que vous m’avez donnés sur Charles sont de la force de celui-ci. Cela me console un peu… Allons ! pourquoi ma sœur aurait-elle envoyé tant d’argent à son fils ?
— Cela, je n’en sais rien, monsieur le directeur. Peut-être avait-il des dettes, peut-être voulait-elle qu’il se marie pour régulariser cette situation… J’ai oublié de vous dire qu’il avait un enfant de cette femme.
— Eh bien ! vous pourrez dire à celui qui vous a transmis ces cancans qu’il est fort peu au courant, dit Barbaroux, qui se plaisait à croire que tout était faux. J’ai de bonnes raisons de savoir que Gaudentie n’a rien envoyé à son fils. Tout passe entre mes mains. Je connais toutes les dépenses de ma sœur…
— Vous oubliez, dit lentement Mathenot, d’une voix de plus en plus basse, que vous avez versé vingt mille francs, l’an passé, à Mme Pioutte, pour le mariage de Mme Caillandre…
L’abbé Barbaroux se leva, frémissant, le regard durci.
— Que voulez-vous dire, monsieur ? Expliquez-vous ? Que voulez-vous dire ? Soyez plus clair !
— Je veux dire ce que j’ai dit, rien de plus, monsieur le directeur. Sur ces vingt mille francs, Mme Caillandre n’en a touché que cinq mille…
— Assez, monsieur, assez, s’écria l’abbé Barbaroux indigné et gesticulant. Je n’écouterai pas un mot de plus. Que cela est bas, que cela est bas ! Vous devriez avoir honte, monsieur, pour la robe que vous portez, pour Dieu que vous représentez sur la terre, si vous n’avez pas honte pour vous-même. Mais vous traitez ma sœur de voleuse, et vous voudriez que je supporte cela ? Quelle monstrueuse calomnie ! Comment avez-vous donc l’esprit fait pour ne voir partout que turpitudes et que bassesses ! Ah ! monsieur Mathenot, je n’aurais jamais cru cela de vous ! Mais ma sœur ne peut pas être soupçonnée, elle ne l’a jamais été, je ne permettrai pas qu’elle le soit. Je veux penser que vous êtes fou, pour ne pas m’indigner et pour