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n’en sais rien, je ne veux pas le savoir. Tout ce que je puis faire, c’est de vous répéter que… tout cela était vrai…

— Je ne le croirai jamais !

— Libre à vous ! Au surplus, c’est un détail. Mais peut-être que si, à ce moment-là, vous aviez retiré votre confiance à cet individu, je n’aurais pas à vous faire des révélations, qui vous causeront, hélas ! un tel saisissement et un tel chagrin ! Quoi qu’il en soit, M. Augulanty, ainsi protégé par vous, a fait le projet d’épouser votre nièce.

— Virginie ? demanda Barbaroux, avec la niaiserie de la stupéfaction.

— Oui.

— Mais je n’en ai rien su !

— Oh ! monsieur le directeur, il y a bien autre chose encore que vous ne savez pas !

— Mais, fit M. le directeur, est-ce là ce qui va me causer un tel saisissement et une telle… peine ? Je vous assure que je ne vois pas d’un trop mauvais œil le mariage de ma nièce et de M. Augulanty, quoi que vous en disiez…

M.  Augulanty, dit Mathenot, compte vous succéder ici et diriger votre école, quand vous l’aurez quittée… Le pensiez-vous ?

— Non, répliqua l’abbé, avec amertume, je ne me croyais pas assez près de l’échéance pour que l’on s’arrache déjà ma succession. D’ailleurs, ajouta-t-il, en faisant un effort de volonté pour surmonter sa mauvaise pensée, puisqu’il faut bien que je la laisse à quelqu’un, j’aime autant que ce soit à lui. Malgré tout, je le crois digne de la diriger…

Mathenot bondit à ces mots.

— Mais je n’entends pas qu’il vous succède, moi, cet Augulanty ! C’est justement pour empêcher cela que je suis ici, c’est pour cela que j’ai quêté des informations sur son compte, que je l’ai espionné, que je suis allé chez lui, entendez-vous, monsieur le directeur, pour fouiller dans ses papiers.

— Vous avez fait cela ! dit Barbaroux avec dégoût.

— Oui, je l’ai fait, et je le referais, s’il fallait le refaire. Il ne faut pas que M. Augulanty dirige l’école Saint-Louis-