comédiens et de… de menteurs, cela me révolte, me révolte ! Moi seul ici, entendez-vous, suis soucieux de votre intérêt, moi seul vous aime avec désintéressement ! Pourtant, vous vous méfiez de moi, et vous avez donné votre confiance à des gens qui ne la méritent pas, tandis que vous me dédaignez. Et pourtant Dieu m’est témoin que je donnerais ma vie pour conserver la vôtre, s’il plaisait à Notre-Seigneur, puisque votre vie est nécessaire à sa gloire.
L’abbé, ému par ces plaintes gauches et bizarres où perçait néanmoins une sincérité douloureuse, prit la main de Mathenot et la serra avec effusion.
— Non, Mathenot, je ne me méfie pas de vous. Vous me fâcheriez en croyant cela. Je sais que vous êtes un de mes plus dévoués collaborateurs et que je peux compter sur vous.
— Merci, monsieur le directeur. Je suis donc plus à l’aise pour vous confier les choses si graves, si… pénibles, si redoutables que je dois vous dire. Vous allez me considérer comme un délateur, mais je vous en supplie, ne vous indignez pas, songez que je n’agis que dans votre intérêt, que je ne pense qu’à vous et qu’à l’Œuvre !
Mathenot, guidé par l’expérience de son premier échec, prenait cette fois des précautions oratoires. Il jeta cet exorde d’une voix si pathétique que l’abbé Barbaroux s’inquiéta de la suite, et les contractions de sa figure tourmentée exprimèrent qu’il attendait, en effet, quelque chose de fort grave.
— Monsieur le directeur, commença Mathenot, sur un ton bas et grave, je vous ai confié dernièrement quelques renseignements sur la vie privée de M. Augulanty.
— Mon cher abbé, dit Barbaroux, ne revenez pas là-dessus…
— Si, fit Mathenot, j’y reviendrai. Je vous demande bien pardon, mais il faut que j’y revienne. Vous n’avez pas voulu tenir compte de mes avis. Libre à vous ! Vous avez pris des renseignements auxquels vous avez cru. J’ignore qui vous les a donnés… Peut-être, dans votre belle confiance d’honnête homme, incapable de croire au mal, avez-vous consulté là-dessus Augulanty lui-même… Je