foi dans les protestations de Charles, et elle se méfiait d’Augulanty.
Plus tard, quand Pioutte reçut seulement cent cinquante francs par mois, il s’en plaignit avec amertume. Son fils était malade, le médecin coûtait cher et le pharmacien ne leur faisait pas crédit. C’était vrai, et Clémentine Jouve posait pour payer les remèdes, pendant que Charles soignait l’enfant. La maladie fut longue et inquiétait Mme Pioutte.
Quinze jours après la mort du jeune Combette, Mme Pioutte, appelée, un matin, par la concierge, vit quelqu’un qui lui tendait le petit papier bleu d’une dépêche. Elle eut un affreux serrement de cœur, tandis qu’elle déchirait, à la hâte, le quadrillé, d’une main tremblante. La dépêche contenait ces mots : « Bébé mort. Argent dépensé dans la maladie, Envoie de suite frais enterrement. »
Cette double nouvelle écrasa Mme Pioutte. Elle monta à la hâte dans sa chambre et s’y enferma pour pleurer à son aise. Elle avait fini par aimer son petit-fils comme si elle l’avait connu. C’était encore un peu de son Charles, et l’adoration qu’elle avait pour lui s’étendait à tout ce qui le touchait.
Accroupie sur une chaise basse, elle sanglota, la tête dans ses mains. Des larmes chaudes coulaient le long de ses doigts.
Et au milieu de cette affliction, elle songeait à la demande d’argent de Charles. Elle n’y comprenait rien. Et les quinze mille francs ? Puis elle se rappela les sinistres propos d’Augulanty. C’était donc vrai ! Cette somme avait fondu comme une cire au feu ; il n’en restait rien, et Charles l’avait dépensée dans des fantaisies et dans des caprices ! Mais au lieu de lui en vouloir, elle l’excusait. Pauvre Charles ! C’était tout son père ! Et elle s’enorgueillissait maternellement de ce que cette nature gaspilleuse révélât une âme désintéressée et généreuse, et non pas un cœur stérilement avare.
Mais il fallait trouver de l’argent. C’était la fin du mois. Elle avait trois sous dans sa poche et vingt francs dans son tiroir. Que faire ? En emprunter ? À qui ? Son