« Me voici, Seigneur, je suis prêt » à quelque heure et en quelque moment que la mort vienne. Mes enfants, termina l’abbé, d’une voix chevrotante, disons tout de suite un De profundis pour le repos de l’âme du malheureux Combette !
M. Barbaroux s’agenouilla sur sa chaise, les élèves sur leurs bancs.
Et il prononça d’une voix caverneuse ces paroles sacrées, qui, depuis tant de siècles, ont exprimé la douleur, ces termes liturgiques, dont chacun semble gonflé de larmes et de sang, et qui ont ravi aux lèvres brûlées de souffrance sur lesquelles elles glissaient, ce grand trouble mystérieux et mortel, qui pénètre en nous et nous déchire, quand nous les entendons.
Ce fut avec un calme exceptionnel que les élèves entrèrent en récréation. La mort de Combette avait étendu sur leurs esprits une sorte de grand dais funèbre, et, n’osant crier, comme si le cadavre avait été tout près d’eux, ils se parlaient à voix basse de cette catastrophe, en tournant autour des piliers.
Au milieu de cette foule sombre et chuchotante, Délussin roula ses fortes épaules et darda un regard haineux, avec un air très visible de s’en prendre au premier qui lui ferait grise mine et l’accuserait du trépas de Combette. Il exerçait un empire despotique sur ses camarades par sa force musculaire autant que par son audace, la violence de ses vices et sa brutalité. C’est un fait que, dans tout collège, le plus bas exerce une autorité et que chacun admire, en s’inclinant, qui lui paraît plus méprisable que lui.
Cependant Délussin remarqua que, dans chaque groupe, on se taisait à son approche. Il s’irrita de cette manière d’ostracisme et entra brusquement dans un cercle formé de Samoëns, de son inséparable Édouard du Puget, d’Iffraye-Lencontre, du petit Raoul de Robert-Damblin, blond, fin et joli comme une fille, et d’un grand garçon morne, qui ne parlait jamais à personne. On se tut aussitôt.
— Qu’est-ce que vous disiez là ? demanda Délussin en ricanant d’un rire moqueur, méchant, incessant, qui