les meurtrissures bleuâtres de ses paupières. Et il restait devant elle, gêné, hésitant, n’osant l’interroger.
— Tu viens voir ta mère ? demanda-t-il enfin, pour dire quelque chose.
— Non, mon oncle, vous, répondit Cécile, d’une voix nette.
Malgré son inquiétude, M. Barbaroux se rappela ce qui s’était passé dans la cour ; il ne pouvait, en un pareil moment, laisser ses élèves, sous la seule surveillance de Niolon et de Mathenot, et, d’ailleurs, il voulait voir Augulanty, aussitôt qu’il serait de retour, pour avoir des nouvelles de Combette. Il s’écria donc :
— Eh bien, ma chère enfant, tu reviendras plus tard. J’ai beaucoup à faire aujourd’hui, et je suis très préoccupé. Figure-toi que Combette vient de tomber si malheureusement qu’il s’est ouvert le front ! Tu comprends quel souci c’est là pour moi. Et quelle responsabilité ! Reviens demain…
Cécile l’interrompit :
— Pardon, mon oncle, j’ai à vous parler aujourd’hui même et non demain. C’est une affaire urgente qui m’amène. Je ne peux pas la remettre même de quelques heures. C’est une question de vie ou de mort…
L’abbé eut un soubresaut de surprise et d’épouvante.
Cécile alla fermer soigneusement la porte d’entrée et s’assit en face de son oncle. Elle portait un grand chapeau, couvert de fleurs dont c’était la mode, en cette saison-là : des roses jaunes et des roses roses, qui assemblaient leurs grappes immobiles et pâlies auprès des touffes de ses cheveux noirs. Une voilette à grands dessins lui descendait jusqu’à la bouche et dénudait ses belles lèvres empourprées dont la courbe sensuelle semblait prêter une allure voluptueuse jusqu’aux mots qu’elle prononçait. Un parfum charmant se répandait autour d’elle, et l’abbé la regardait, ne comprenant pas qu’elle se fût mise avec tant de recherche pour lui apporter un message tragique.
— Qu’est-ce qui vous arrive donc ? interrogea-t-il avec une anxiété visible en assujettissant les branches de ses lunettes aux fourches de ses oreilles velues.
— Nous sommes dans une telle situation… financière,