chambres, à peu près grandes comme un damier. Et quant aux palmiers et aux eucalyptus, destinés à ombrager les allées courbes, ils ne garantissaient encore du soleil que les humbles fourmis, qui faisaient métier de portefaix sur le sable, et les hannetons, velus d’or, qui se reposaient au bon soleil, ivres de s’être roulés dans le pollen des fleurs.
La maison du jardinier, où Mme Pioutte comptait installer son restaurant, tout en sachant bien qu’elle n’en ferait jamais rien, comprenait une cuisine immense, une salle assez grande et une pièce, qui n’était guère qu’un grenier à foin.
Tout cela ne ravit pas l’abbé, mais sa sœur se montra si enthousiaste qu’il n’osa pas la contredire. D’ailleurs, le ciel riait de tout son azur, la mer étincelait au soleil, les vagues légères, qui se promenaient sur la paix du golfe, baisaient les lèvres des plages descendues vers l’eau et les pieds des caps accroupis sur elle, l’abbé rêva au bonheur de finir sa vie dans cet enchantement.
Au retour, Mme Pioutte arracha à son frère l’acceptation : il était encore sous le charme du paysage. Me Garoutte se chargea de faire prendre une seconde hypothèque sur la maison de la rue Saint-Savournin, la villa de Sanary fut achetée et placée sous le nom de Mme Pioutte.
Augulanty n’apprit l’affaire que lorsqu’elle était presque conclue. Il fut furieux d’avoir été joué par Mme Pioutte, qui, dans un but qu’il comprenait bien, ne craignait pas de diminuer la valeur de son local. Mais il avait maintenant autant d’intérêt à se taire qu’elle en avait elle-même à le ménager. Il ne dit rien, et se promit de prendre d’elle une éclatante revanche, quand il tiendrait la fille et la position.