mangés bêtement, et il n’en restera rien dans trois mois. Et l’enfant restera naturel, tel qu’il est né. Mme Pioutte poussa un gémissement.
— Et voyez donc, madame, quelle serait votre situation, et celle de Charles, et celle de Mlle Virginie, si M. le directeur apprenait tout cela, s’il savait comment a été gaspillé cet argent au moment où il en avait le plus besoin, et que l’hypothèque prise sur sa maison avait servi à payer les plaisirs de monsieur son neveu. Croyez-vous qu’il vous continuerait sa confiance ? Il aurait encore moins de pitié pour vous que pour Blesle, puisque vous l’avez trompé plus longtemps et que vous le touchez de plus près… Et vous ne savez pas si quelqu’un n’ira pas le lui dire !
Et le sourire d’Augulanty indiqua nettement que, le cas échéant, il se chargerait d’être ce quelqu’un-là et de rendre aux Pioutte ce petit service d’ami.
Jusqu’au dernier moment, Augulanty avait craint qu’il y eût au problème qui s’était posé devant lui une autre solution, ce qui aurait pour résultat de le faire chasser comme un valet. Dans la joie de ne pas s’être trompé, il eut le triomphe insolent. Il termina par ces mots :
— Comprenez-vous, maintenant, madame, que je vienne vous demander de vous faire l’apôtre de ma cause auprès de Mlle Virginie. Je joue cartes sur table avec vous. Je tiens à épouser votre fille, je vous l’ai déjà dit. Je l’aime, et, de plus, j’ai formé le projet de devenir le successeur de M. Barbaroux. Je compte faire un établissement modèle de ce pensionnat qui tombe en ruines. Mme Augulanty, — il eut un sourire de fatuité narquoise, — aura dans quelques années une belle situation, mais elle est la clef de la mienne, et elle se trouve en même temps, par la malice du sort, la condition sine quâ non de l’avenir de son frère. M’aiderez-vous d’une manière effective ?
— Je vous le promets, monsieur, murmura Mme Pioutte, d’une voix blanche. Virginie sera votre femme !
Augulanty se retira, enchanté de son entrevue.