Page:Jaloux - Les sangsues, 1901.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

usa du tour qu’il convient de prendre avec cette race d’individus. Il expliqua négligemment :

— J’y tenais beaucoup. J’y mets toutes mes factures. Je serais désolé de l’avoir perdu.

Cette explication, nécessaire pour tromper un sot, éveilla les soupçons toujours proches de Mathenot. Le trouble d’Augulanty le frappa. Cherchant toujours le lien secret qui devait unir l’économe à Mme Pioutte, il associa tout à coup dans son esprit l’image du portefeuille et celle de cette complicité mystérieuse. Il chercha donc, avec grand soin, l’objet égaré, mais comme il descendait l’escalier avec Augulanty, l’abbé Barbaroux interpella l’économe et lui dit que Samoëns, un élève de troisième, venait de lui remettre une enveloppe de cuir qu’il avait trouvée et qui lui appartenait peut-être.

Instinctivement, Mathenot regarda Augulanty. Il le vit lever avec terreur les yeux sur le vieux prêtre et pâlir en apercevant le maroquin rouge entre ses mains.

Le lendemain, Mathenot examina son rival. Dans le veston sanglé, nulle déformation, à la place de la poche intérieure, ne gonflait plus l’étoffe de drap bleu. Augulanty, effrayé sans doute par le danger de perdre une seconde fois ses papiers, ne les portait plus sur lui.

Il était donc évident que M. Augulanty possédait un document précieux et qui recélait peut-être la raison occulte d’une relation que rien n’expliquait logiquement.


XV

ÊTRE OU NE PAS ÊTRE !


Félix Augulanty, après son échec auprès de Virginie Pioutte, était rentré chez lui, désespéré et furieux. Ce refus, c’était encore toute sa vie à terre, tout son avenir détruit. Comme le pot-au-lait de Perrette, il emportait ses rêves d’avenir, son importante situation future de chef d’un grand établissement pédagogique, l’aisance, les