naguère il avait le plus flattés. Se sentant fort de l’appui de son supérieur, il ne tenait plus à les ménager. Et il leur témoignait un mépris mitigé de politesse condescendante, attitude qui froissa M. Bermès, assez pointilleux sur la question des égards qu’on lui devait. Si Augulanty n’avait pas ainsi tourné casaque, assez maladroitement, avec la vaniteuse suffisance du parvenu qui se croit arrivé, Bermès l’eût sûrement avisé de l’intérêt équivoque que l’abbé Mathenot lui montrait. Car le professeur avait trop l’expérience des intrigues et le sens des scandales pour ne pas démêler ce que le prêtre s’efforçait de cacher, c’est-à-dire qu’il voulait ruiner Augulanty pour accaparer sa place.
Mathenot réfléchit longtemps à cette conversation, au point de se montrer hargneux quand on le dérangeait de sa rêverie et de paraître plus soucieux, plus morne et plus resserré encore que d’habitude. On attribua généralement cette récollection à ses pensées religieuses, et nul n’en prit ombrage. Ainsi protégé par lui-même et par sa légende contre des curiosités indiscrètes, Mathenot songeait à son aise qu’il se trouvait sur une piste bizarre, qui pourrait le mener fort loin, s’il avait assez de finesse, de chance ou d’audace pour la suivre jusqu’au bout.
Or, M. Barbaroux, faisant tantôt une classe, tantôt l’autre, occupait certains jours la grande salle du rez-de-chaussée, et, d’autres fois, une des petites pièces du premier étage, selon le nombre des élèves, ce qui occasionnait un déménagement continuel des professeurs. Il se trouva que l’abbé Mathenot prit place, une après-midi, dans la pièce où M. Augulanty avait péroré le matin.
À quatre heures et demie, l’économe s’approcha du pupitre où l’abbé Mathenot récitait une prière et lui demanda avec une inquiétude visible s’il n’avait pas trouvé un portefeuille sur le bureau.
— Je n’ai rien vu de ce genre, dit Mathenot, en regardant du coin de l’œil M. Augulanty, qui ne jugeait pas son interlocuteur assez conséquent pour prendre la peine de dissimuler avec lui.
— Je suis très ennuyé, très ennuyé de l’avoir perdu. Augulanty, considérant Mathenot comme un imbécile,