guère… À moins qu’elle ait agi ainsi par hypocrisie, parce que j’étais là et qu’elle craignait que j’en souffle un mot à son oncle…
— Comment ? L’abbé Barbaroux n’est pas au courant de ce projet ? demanda Mathenot.
— Eh ! non, il n’est pas au courant. Vous n’êtes guère fin, l’abbé, permettez-moi de vous le dire. Le patron est, lui aussi, autrement ambitieux pour ses nièces !
— Mais alors, c’est inextricable, s’écria le prêtre avec désespoir. Pourquoi Mme Pioutte est-elle si aimable avec Augulanty ?
— Comment le saurai-je ? Il se pourrait que Mme Pioutte eût des raisons personnelles de vouloir l’économe pour gendre.
— Mais lesquelles ?
— Eh ! l’abbé, je l’ignore. Vous êtes bon, vous ! Tout est possible. Si Mme Pioutte ne voulait pas d’Augulanty, elle ne lui ferait pas tant de politesses, car elle n’ignore certainement pas qu’il fait la cour à sa fille. Et d’après ce que j’ai vu, Virginie ne veut pas de lui. C’est naturel. Il est certain que Mlle Pioutte, jolie comme elle l’est, a l’espoir de faire un autre mariage que celui-là. Épouser un professeur médiocre et d’origine vulgaire, ce n’est pas tentant pour une belle fille luxueuse et dépensière.
— Vous croyez donc, résuma Mathenot, que Mme Pioutte a des motifs spéciaux et sans doute intéressés de désirer un mariage que sa fille ne veut pas ?
— Je ne cesse de vous le dire. — D’ailleurs, qu’est-ce que tout cela peut vous faire, l’abbé ? ajouta malicieusement Bermès, vous avez la veine d’être en dehors…
— Oh ! ce que j’en dis là, c’est uniquement pour causer ! Évidemment ces histoires me sont indifférentes. Mais on s’intéresse à une maison à laquelle on appartient, et puis, j’aime l’abbé Barbaroux, moi !… C’est l’honnête homme dans toute la force du terme, le vrai chrétien !
M. Augulanty, depuis qu’il était intime avec les Caillandre, avait eu le tort de se montrer hautain, réservé, et même un peu dédaigneux avec ceux-là mêmes que