ment que Dieu est là et qu’il y a une Justice ! — Mais je pense que vous ne m’avez pas soupçonné une seule minute ?
— Non, mon cher ami, non, fit ingénument l’abbé, mais vous savez comment nous sommes, nous avons besoin d’entendre celui qui est accusé proclamer lui-même et bien haut son innocence.
— S’attaquer à une pauvre fille ! répétait Augulanty. Que l’on dise de moi ce qu’on voudra, c’est bien, cela m’est égal, je suis de taille à me défendre moi-même. Et puis cela se comprend, j’ai des jaloux. Le poste que j’occupe ici, la confiance dont vous m’honorez, cela m’a donné des ennemis. On sait que je suis un bon chrétien, cela suffit aux ennemis de notre sainte religion pour chercher à me noircir et à me couvrir de boue. — Mais calomnier bassement une femme qui n’a pour elle que sa vertu. Fi ! que c’est vil ! — Puis-je au moins savoir, monsieur l’abbé, qui vous a tenu ces ignobles propos ?
L’abbé fit un geste de dénégation.
— Ne me demandez pas cela, Augulanty, je serais obligé de vous le refuser tout net.
— Puis-je au moins savoir si c’est quelqu’un de la maison ?
Barbaroux s’agita comme un diable dans un bénitier.
— Non, non, je ne peux rien vous dire I N’insistez pas, c’est inutile !
— Avant de vous quitter, monsieur l’abbé, permettez-moi de vous lire quelques phrases d’un petit livre que J’ai toujours sur moi. Je suis si affecté de ce que vous venez de me dire que j’ai besoin de chercher une consolation dans cette œuvre divine par excellence.
Il exhiba d’une de ses poches une Imitation de Jésus-Christ, tordue et cornée, qui semblait avoir été abîmée ainsi par un usage fréquent. Il la feuilleta avec prestesse et tout à coup s’écria :
« Mon fils, jetez votre cœur avec confiance dans le Seigneur, et ne craignez point les jugements des hommes, quand votre conscience vous rend témoignage de votre innocence et de votre piété.
« Il est bon, il est heureux de souffrir ainsi ; et ce ne