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MYSTÉRIEUSES

tôt !… » Puis, ils laissaient retomber leurs embrasses, et il n’y avait de nouveau au ciel qu’un grand imperméable à mille plis.

Et j’épousais moi-même tout ce printemps, d’une âme avide et joyeuse. Il me semblait qu’une joie nouvelle naissait en moi, que mon corps avait les irritations, les craquements, les poussées d’un arbre qui s’accroît. Et ma passion rajeunie, elle aussi, s’élançait vers l’avenir, comme une branche qui tend au soleil. Je mêlais Wanda à la nature entière, comme si elle était le nœud de ce panthéisme amoureux, qui ressuscitait en moi le faune éternel, l’ami de la naïade, de l’oréade, aussi bien que le confident de la rose ou de l’oiseau.

Mais ce printemps, qui développait dans mon cœur une telle frénésie sentimentale, semblait écraser, limiter Wanda. Sans doute, surexcitait-il en elle ce qu’elle sentait dans sa vie de dissonant et d’insatisfait, faisait-il