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LES BARRICADES

Nous foulions longuement un sol feutré de fourrures et sur lequel s’amoncelait sans fin la chaude toison des arbres. Parfois, nous nous asseyions sur un tronc renversé, et, à travers notre plaisir montait toup à coup, brusque comme un jet d’eau que l’on délivre, je ne sais quelle appréhension de l’avenir, je ne sais quel sentiment funèbre de la vie. Les bois, à l’automne, dégagent une odeur d’éther et de dissolution : nous nous penchions avec un amer plaisir sur ces cassolettes de néant, sans trop vouloir examiner le danger qu’il y a à se complaire dans cette délectation mélancolique. Notre amour s’y ravivait, croyions-nous, par le spectacle de la destruction, par le contraste qu’il y avait entre sa verte jeunesse, toute riche d’avenir, et la vue de ces décombres poétiques, que l’année abandonnait en courant à son terme. Et quand nous nous embrassions, au milieu de ces feuilles