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MYSTÉRIEUSES

Mais la mélancolique image de Martial me poursuivait. Je le plaignais du sort malheureux qui s’était attaché à lui et qui se jouait de ses esprits au point de lui faire voir en moi l’artisan de sa défaite. Hélas ! plus je connaissais Wanda, — je croyais encore, en ce temps-là, que je connaissais Wanda ! — plus je comprenais que le pauvre Herpin n’était guère fait pour elle. Et, à mesure que je pensais à lui, ses défauts, que, pendant tant d’années d’amitié, je n’avais pas vus, frappaient maintenant mon imagination. Mais aujourd’hui, je regardais Martial avec les yeux de Wanda, plutôt qu’avec les miens, et dans ce miroir déformant, — ou plus exact, je n’en sais rien, — l’honnêteté de Martial se faisait lourdeur ; son sérieux, ennui ; sa tendresse, niaise sentimentalité ; sa fidélité, manque de tentation intérieure. Je sus ainsi combien nos jugements d’autrui sont faux et