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MYSTÉRIEUSES

gnait, à Jouy, Wanda de Vionayves et mon frère Martial. Je me doutais bien qu’il n’y avait jamais eu un pareil printemps, doux comme le lait de la femme, persuasif, insinuant, un printemps fait de rose et de pistache, comme une miniature persane, — et pas un cyprès à l’horizon !

Je voyais, en l’écoutant, l’endroit qu’il me décrivait : un banc, au bord d’une prairie où les graminées, à la moindre brise qui se présente, font mille révérences, mille courbettes, — des platitudes, quoi ! — plus loin, des ruches brunes, sagement rangées, posées comme des tabatières, avec, de-ci, de-là, un grain de tabac qui vole, tourbillonne, se dore au soleil, une abeille ! Pour les paroles, mon Dieu, je les imaginais, et les regards, et la main que l’on presse, le rite enfin, le protocole de l’Amour ! Rien n’est plus banal qu’une déclaration ; on pourrait vendre des formules toutes prêtes,