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M. du Pontaut-Chaley donnait, depuis quelques minutes, des signes d’inquiétude.

Il se leva et s’écria :

— Vous avez une singulière façon de parier des choses sacrées. Je vous assure que Dieu…

— Ah ! interrompit Madeleine, avec fatigue, tout de suite les grands mots ! Mon cher cousin, à quoi bon déranger, pour nous, de si hauts personnages ?

Et elle ajouta plus bas encore :

— Que fait-on, cette saison-ci ?

Il y eut une explosion de réponses :

— On revient beaucoup à la soie, s’écria Suzanne de Lèvrages.

— Et aux cravates de Chantilly, ajouta Madame Florel.

— Les robes toutes plissées, sont toujours à la mode, dit Madame Sauze.

— Les guipures d’Irlande aussi, termina Mademoiselle de Heldemorte.

— Ma chère, raconta Madame Sauze, je viens d’essayer une robe charmante : c’est un tissu de soie japonaise d’un bleu vif ; la jupe est à volants soutachés de piqûres, la veste a des revers et des manches bouffantes, garnies de plissés de linon. Là-dessus, un chapeau de paille amazone, relevé par un oiseau blanc.

— Et vous, Suzanne ? demanda Madeleine.

— Oh ! moi, je viens de commander une toilette toute simple, pour ville d’eaux, une robe de toile étamine sur un transparent de taffetas blanc, garnie de colonnes de jour, s’allongeant de la