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LE RESTE EST SILENCE…

des querelles, celle que ne connaissait pas encore tante Irma et dont elle ferait des gorges chaudes. Elle avait un entrain extraordinaire, ce jour-là.

Elle me parlait alors comme à un camarade de son âge, me demandait conseil à tout moment, et je ne comprenais pas bien tout ce qu’elle me disait, mais ce dont je me rendais compte très nettement, c’est qu’elle était à peine un peu moins jeune que moi, que c’était une grande sœur que j’avais là, une grande sœur élégante et qui sentait bon, toute prête à partager mes caprices, comme je l’étais, sans le savoir, à l’aider dans ses fantaisies, car j’appartenais, moi aussi, à la race folâtre, insouciante et légère, qui va dans la vie sur des ailes de pastel et se pose partout où quelque chose l’attire et la séduit, sans trop se souvenir que le monde est plein de dangers.

Et, au fond, rien ne nous plaisait davantage que d’être ensemble, quand mon père ne nous tenait pas compagnie. Nous nous moquions de tante Irma et de mon oncle Trémelat et de son air de vieux babouin