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LE RESTE EST SILENCE…

C’était une révolution de palais ! Fallait-il que mon père se sentît bourrelé de remords pour affronter ainsi le ressentiment et les cruels reproches de sa sœur ! Mais peut-être aussi était-ce un piège.

Maman jugea la situation d’un coup d’œil, elle était admirable. Elle accepta sur-le-champ. Du même coup, elle montrait qu’elle n’avait aucun entêtement, et elle vexait sa belle-sœur, qui nous attendrait en vain. Ainsi elle triomphait de toutes façons.

Pourtant, comme, après avoir plié sa serviette, elle se levait pour aller s’habiller, mon père l’arrêta d’un geste et lui dit d’une voix grave et douce, mais fortement timbrée :

— Et puis, Jeanne, n’oublie pas ce que je t’ai dit tantôt… Prends garde. La vie est souvent dangereuse. Je ne suis pas monté par Irma et je te parle sérieusement. Occupe-toi un peu plus de ta maison, et tâche d’avoir le spleen un peu moins souvent.

Il y eut un silence. Il ajouta :

— Tu ne fais pas sortir le petit aussi