Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
LE RESTE EST SILENCE…

V


Ce fut un hiver très long et très pluvieux, et l’on pouvait croire que le printemps ne reviendrait jamais. Nous perdions la notion de l’avril, dans la constante menace de cette pluie, sous ce ciel morne et gris, triste comme une pensée de malade. La vie s’en allait à petits pas, ainsi qu’elle le fait quand on est enfant. J’attendais avec impatience, Noël, puis le Jour de l’An. J’eus la bienheureuse surprise des jouets inconnus, artillerie de plomb et boîtes de constructions, pleines d’arcades, de colonnes et de fenêtres de bois à combiner en architectures étranges, en palais ou en temples que je rêvais d’élever selon des secrets inconnus