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LE RESTE EST SILENCE…

minables garnements, ne me tireraient pas les cheveux et ne me feraient point de sournois crocs-en-jambe pour me jeter à terre.

Nous montâmes l’escalier tournant, précédés par la mauvaise chandelle que la bonne portait. Au premier étage, nous enfilâmes un corridor où les murs rapprochés faisaient la place étroite aux habitants, puis la salle à manger sévère s’offrit à nous, avec sa suspension de cuivre brillant, son mobilier d’acajou fourbi et de moquette à grosses fleurs rouges, avec le spectacle de ma tante assise près de la table, les lunettes sur son nez, trop petit pour sa large figure. Elle était en train de lire un épais volume de piété, qui sentait la moisissure et le vieux cuir.

Elle se leva, trapue, la poitrine haute et comprimant les plis gras de son menton, le ventre en avant, les mains noueuses et raidies par les rhumatismes. Elle frotta contre ma joue sa figure luisante et toujours mouillée, même en hiver.

— Bonjour, Joseph. Tu vas bien ? Il est