Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LE RESTE EST SILENCE…

Pourquoi tremblait-elle, la voix de mon père, en me faisant des questions aussi bêtes ? Il n’y avait vraiment pas de quoi !

— Non, jamais… Ah ! si ! Nous avons rencontré l’autre jour l’oncle Trémelat, en sortant d’un bazar.

La main de mon père avait fait un soubresaut dans la mienne, au commencement de cette phrase ; puis cela s’était calmé tout-à-coup. Il insista :

— Je dis ça, parce que je trouve mauvais qu’un garçon comme toi soit toujours avec des femmes ; il faudrait que tu t’habitues à une société plus masculine. D’un autre côté, tu es trop jeune pour que je te mette si tôt à l’école. Enfin, je verrai…

Il y avait là encore un compromis. En principe, je devais sortir avec maman tous les après-midi. Mais cela m’ennuyait de faire des visites ou de courir les magasins. À force de supplications — du moins, je le croyais — j’avais obtenu d’éviter ces corvées. La condition expresse étant que papa n’en sût rien, je n’avais garde de le lui dire. Nous sortions donc de bonne