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LE RESTE EST SILENCE…

défendait de dire à papa que, ce jour-là, il n’y avait pas eu de classe. Et, depuis quelque temps, il faut avouer que ces sorties matinales se faisaient de plus en plus fréquentes.


Je n’étais point fort satisfait quand nous descendîmes la rue, mon père et moi, lui tenant entre ses gros doigts nus ma petite main gantée de filoselle blanche. Je voyais passer devant moi l’ombre écrasante du collège, et cela ne me séduisait guère. Je crois qu’il faisait un temps clair de février, mais le dimanche pesait lourdement sur la ville, et les magasins fermés donnaient un air lugubre aux longues rues. Mon père réfléchissait et ne disait rien ; il s’occupait si peu de moi qu’il marchait très vite et que j’avais toutes les peines du monde à ne pas rester en arrière. Nous suivions le chemin coutumier de nos promenades hebdomadaires, machinalement, comme les chevaux d’omnibus, au retour, continuent leur route vers la remise, sans y être dirigés par le cocher.