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prenez-vous cela ? J’aurais dû être heureuse, et je pleurais tout le temps, je voulais m’en aller, je ne m’en sentais pas le courage. Je mourais d’ennui, de tristesse au milieu de ces choses trop belles ! Alors il est venu, lui, il m’a parlé de choses à ma portée, de choses basses comme nous, et cela lui a donné un grand pouvoir sur moi… Comment lui aurais-je résisté ? Je n’ai jamais su que céder… On ne m’a appris que cela. Qu’est-ce qui m’aurait donné la force qu’il faut pour résister ?… Non, je ne l’aime pas, cet homme, je le hais, il me fait horreur… Je n’aime que vous, Herbert, je n’ai aimé que vous, vous à qui j’ai fait de la peine, mais que j’aimerai toujours… Me pardonnerez-vous ?

Lord Herbert Cornwallis mentit à sa douleur, il mentit à lui-même. Il leva la tête avec hauteur :

— Je n’ai pas à vous pardonner, May. Je n’ai pas été offensé. Croyez-vous que je puisse l’être, parce qu’un valet a touché un de mes jouets ? Je ne toucherai jamais plus à ce jouet, voilà tout…

La petite May ne comprit pas distincte-