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mortes, des mousses brillaient sous les gouttes de rosée, qui les faisaient ressembler à des joyaux. Cela était angoissant et funèbre, à force de majesté, de douceur et d’écrasante solitude. May se blottissait contre Herbert. Et il marchait vite, parce qu’il avait froid, moins aux membres que dans l’âme, éprouvant tout-à-coup une appréhension, un pressentiment, une anxiété, comme l’annonce encore secrète de quelque malheur…


Le lendemain, comme il traversait la cour d’honneur, il trouva May en conversation avec un grand laquais, roux, insolent et sournois, un de ceux-là qui l’avaient battue si cruellement dans la forêt.

Il l’appela d’une voix rude. Elle vint aussitôt, douce et soumise, comme à son habitude.

— Pourquoi parliez-vous à cet homme ?

— C’est lui qui m’a parlé ! Je lui ai répondu.

— Vous ne deviez pas lui répondre. Vous n’avez rien à lui dire.