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s’asseyant auprès d’elle, mais il ne faut pas pleurer.

— Je sais, Herbert, je n’ai pas à me plaindre et j’ai vraiment honte de pleurer. Oui, je ne sais pas pourquoi je pleure, puisque je suis heureuse ici comme je ne l’ai jamais été. Seulement voilà, je suis venue m’asseoir dans ce bois, et c’est si triste, si sombre, si humide ! Je me suis mise à penser tout-à-coup au grand chemin que je suivais autrefois, à la grande route où je marchais quand j’étais mendiante, la route qui va je ne sais où. Maintenant, je sais où elle allait, cette grande route, puisque je suis arrivée… Eh bien, croyez-vous cela possible, Herbert ? j’ai regretté le temps où je suivais la grande route… Pourquoi ? Je l’ignore, puisque je suis heureuse. Et puis j’ai pensé aussi qu’un jour je ne marcherai plus, ni sur la grande route, ni ailleurs, que je ne vous verrai plus, ni ne vous entendrai, Herbert, et c’est alors que je me suis mise à pleurer…

Cornwallis restait silencieux ; sa figure reflétait une douloureuse émotion, bien qu’il