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LE RESTE EST SILENCE…

sins Trémelat de qui j’étais toujours sûr de recevoir quelque mauvais coup. Mon père voulait me garder jusqu’à ma première communion ; on m’enfermerait ensuite dans un collège de jésuites. Ma mère aurait préféré que j’entrasse immédiatement dans un de ces délicieux externats mixtes dirigés par des femmes et où l’on se frotte doucement au monde, tout en travaillant sans fatigue. Elle disait avec sens que la solitude où je vivais finirait par m’ennuyer, et que mon caractère, souvent difficile, émousserait ses angles en se heurtant à d’autres enfants. Papa méprisait des avis si raisonnables et se moquait de ce qu’il appelait « ces marchandes de soupe ». Je crois qu’il désirait surtout occuper ma mère, si jeune et qu’il redoutait de voir désœuvrée. De plus, comme elle possédait tous ses brevets, il n’était pas fâché d’en user un peu. Sans compter la vanité qu’il y a à dire que votre femme est si savante qu’elle instruit elle-même son fils !

Tous les matins, je travaillais donc avec