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paraissait trouver cela tout naturel. Elle portait avec bonheur les robes, les joyaux et l’amour de lord Cornwallis, sans que rien de vaniteux ni d’intéressé n’effleurât cette âme invulnérable. La tendresse seule semblait aller plus profondément et dépasser l’enveloppe de cette chair blanche comme la cire vierge et sur laquelle les cicatrices des fouets s’étaient effacées de suite, comme les souvenirs atroces de son passé s’étaient abolis de la mémoire de l’enfant, au contact de ces jours dorés.


Et, de même que le vieux roi Cophetua avait aimé une bohémienne, lord Herbert Cornwallis aima la vagabonde, comme il n’avait jamais aimé les femmes amoureuses et splendides qui l’adoraient autrefois. Ce charme puéril, cet air pitoyable, alangui, mystérieux, cette mélancolie enjouée, cette vivacité, tout le séduisait et le captivait. Aucune ne lui avait donné une joie comparable à celle de cet abandon à demi-inconscient et presque chaste. Il se penchait, lui, l’homme dur et froid, avec bonté, avec pitié,