raides de joailleries ou tout ailées de dentelles, des bijoux sans nombre. Et puis elle fut aimée. Un homme, un des plus grands du royaume et l’un des plus beaux, n’eut d’autre souci que de lui plaire, de l’amuser, de lui apporter un plaisir et une consolation. Il l’enveloppa de tendresse, de complaisance, de respect. Elle connaissait l’amour sous sa forme vulgaire et brutale ; elle ignorait qu’il eût cette douceur, cette confiance, cette plénitude. Elle s’y donna tout entière, comme si elle avait enfin retrouvé sa vraie vie.
Car la petite May était habitée par une âme anormalement ingénue et candide. Il y a des vierges qui sont toujours corrompues ; il y a des prostituées qui ont une innocence d’enfant. La fange, ni les souillures, ni la honte n’avaient pénétré dans les pensées de la petite May. Elle s’était gardée ; on l’avait prise, rejetée, violentée, vendue, mais un diamant se salit-il en passant par tant de mains avides et usurières ?
Et, de même, la petite May ne s’étonnait pas de la splendeur de sa nouvelle condition, elle s’en amusait et s’en réjouissait, mais