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LE RESTE EST SILENCE…

nent des idées fausses, puisque vous n’en lisez jamais ?

— Tout le monde sait ce qu’il y a dans les romans ! Eh bien, je te le déclare franchement : je trouve mauvais qu’une femme honnête se nourrisse l’esprit d’ouvrages où il n’y a que des événements malhonnêtes !… Alors, c’est décidé, tu restes ?

— Oui.

— Eh bien, je sors, moi. Est-ce que je te laisse Léon ?

— Mais pourquoi ? dit ma mère, avec vivacité. Il faut lui faire prendre l’air à cet enfant.

J’allai m’habiller. J’endossai un petit paletot et je pris une canne que l’on venait de me donner et dont j’étais fier. Elle était faite d’un bambou à gros nœuds saillants, et un sabot de cheval en cuivre argenté la terminait. Au moment de nous embrasser, maman nous demanda, avec une voix qui s’efforçait d’être assurée, mais qui révélait un léger trouble :

— Resterez-vous longtemps dehors ? Irez-vous chez Irma ?