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tous les mois lui soumettre les nouvelles modes et renouveler sa garde-robe.

Pendant dix ans, lord Cornwallis vécut ainsi, aussi seul qu’un Chartreux dans sa cellule, ne parlant à personne, ne lisant jamais une lettre, voulant tout oublier de son existence mondaine, avide de silence et de solitude comme peu d’hommes l’ont été. Et, pendant ces années, cet homme, qui avait perdu toute relation avec ses semblables se promenait infatigablement de salle en salle, de corridor en corridor, comme avide de mouvement perpétuel. Quelles pensées douces ou tragiques lui traversaient-elles l’esprit ? Ses rêves le désespéraient-ils, ou bien, au contraire, le consolaient-ils de la vie qu’il avait connue et qu’il fuyait sans doute jusqu’ici ?

Parfois, il se surprenait à penser tout haut, et le son imprévu de ses paroles retentissait singulièrement dans la demeure silencieuse.

Dans cette solitude, lord Herbert Cornwallis fut délivré des passions humaines qu’il avait naguère, et presque au hasard,