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phelin de bonne heure, n’obéissait, depuis son adolescence, qu’aux caprices d’une imagination violente, outrancière, désordonnée, uniquement tendue vers le plaisir, incarnait, de ses grandeurs à ses ridicules, l’esprit même de ces grands seigneurs du dix-huitième siècle en qui les désirs de la Renaissance ont pris une âpreté singulière et presque un sang nouveau.

Membre des clubs les plus excentriques, passionné de combats de coqs, de taureaux et de dogues, amateur de chevaux, boxeur redoutable, joueur ardent, poussant jusqu’à la manie le luxe de son élégance, et célèbre autant par la profusion de ses dentelles que par la nouveauté et la splendeur de ses équipages, il apportait à vivre une sorte de rage froide et à demi-démente, comme si les habituelles lois sociales eussent été des défis qu’on lui eût jetés et qu’il eût cherché, en toute chose, à dépasser le niveau commun de l’humanité.

Dans cette époque où chacun sembla devenir son propre bouffon et faire de sa destinée un jeu tantôt dangereux et tantôt