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LE RESTE EST SILENCE…

un hôtel où il y a du monde, où il faut s’habiller, causer, voir des êtres indifférents. Vous savez comme il est sauvage, et, cette année, il est vraiment fatigué, il a besoin de repos…

Ma tante Trémelat finit par s’apaiser, et, après avoir décoché quelques méchancetés vagues sur les femmes qui n’ont pas de tête et les enfants qui n’ont pas de santé, et les gens qui ne veulent jamais qu’écouter leurs caprices, et sur les rues où on ne sait jamais ce que vous faites, elle s’en alla. Et maman s’étendit sur sa chaise longue et regarda la journée qui s’en allait comme un fleuve s’écoule, emportant à la dérive tant de choses qui ne reviendront plus et que la grande mer attend pour les engloutir à jamais…


Papa rentra plus tôt que de coutume. Il était si content de trouver sa femme et son fils, dans ce foyer qu’il avait cru détruit, qu’il ne semblait se souvenir de rien. Maman lui raconta la visite de ma tante, avec ses diverses péripéties, en omettant