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LE RESTE EST SILENCE…

que cet enfant n’a qu’un caprice, et tu vas le prendre au sérieux !

— Mon cher, quand il sera malade, ce n’est pas vous qui le soignerez, n’est-ce pas ? C’est une erreur de toujours croire que les enfants n’ont que des caprices. Ils peuvent être malades aussi, tout comme nous.

Mon père haussa les épaules et continua à manger.

On me servit du thé et j’y trempai quelques galettes. Je regrettais bien les gâteaux, mais j’espérais, au dîner, prendre une éclatante revanche.

Au bout d’une heure, je déclarai aller mieux, et tout le monde s’apaisa. Mon père fumait son cigare, ma mère nous avait quittés pour se recoiffer. Je me glissai à la cuisine, et, comme j’avais grand’faim, je dévorai du pain et du chocolat qu’Élise avait toujours en réserve pour atténuer les incidents de ce genre.

Mon père était dans la chambre de sa femme, quand j’y entrai. Il avait les deux mains dans ses poches et regardait par la fenêtre. Il se retourna lentement et annonça :