— Joseph ne compte pas aller en Savoie, cette année-ci, répondit ma mère.
— Et pourquoi ?
— Il ne peut pas s’absenter longtemps, nous ferons un petit voyage. D’ailleurs, Joseph préfère passer quelques jours dans un endroit où nous soyons seuls…
Je crus cette fois que ma tante Trémelat allait éclater comme une chaudière : elle s’écria, d’une voix tonnante :
— Seuls ? Cela signifie un endroit où vous ne serez pas avec nous ? À votre aise, ma chère ! Il paraît que notre société vous est pénible, puisque nous vous gênons à ce point. Il faut le dire carrément : nous n’avons qu’à ne plus nous voir, c’est bien facile, ce n’est pas moi qui le regretterai…
— Ni moi, aurait pu répondre ma mère, si elle avait répondu avec franchise. Mais elle se contint, déguisa son sentiment et répondit avec une grande douceur :
— Ce n’est pas cela que j’ai voulu dire, Irma, vous n’avez pas compris ma pensée. Joseph ne veut pas passer deux mois dans