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LE RESTE EST SILENCE…

était lumineuse, gaie comme un jardin en fête, mais si fiévreuse, si impatiente…

Et je ne sais combien cela dura. Papa, pour cacher son trouble, se tenait derrière un journal grand ouvert, comme s’il avait eu la tête à surveiller les agissements de Guillaume II. Moi, j’avais l’air de jouer, mais ni l’un ni l’autre, j’en suis sûr, nous ne songions à ce que nous faisions. Nous avions l’ouïe en suspens, nous guettions les moindres bruits de l’escalier…

Et puis cela arriva comme un coup de foudre. Nous n’avions rien entendu, quand le coup de sonnette nous mit debout. Et nous voici tous deux à la porte, et nos mains se cognaient en tâtonnant pour trouver la serrure. Enfin, nous pûmes ouvrir, et maman fut dans nos bras. Je crois bien que nous pleurions un peu, et il me semble qu’en embrassant son mari, elle lui dit : « Pardon, Joseph ! » mais je n’en étais pas sûr et j’en doute tout-à-fait aujourd’hui.

Quand nous nous retrouvâmes tous les trois au salon, maman nous raconta lon-