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LE RESTE EST SILENCE…

comparaisons fâcheuses entre mon individu et ses quatre rejetons, voyous malpropres, bruyants et grossiers, toujours ivres d’une joie de cannibales et qui me martyrisaient par leurs farces brutales et sournoises. Ma mère et moi, nous nous entendions secrètement dans la même haine et le même mépris de cette famille que mon père adorait. Et le soir, au retour, mes parents se disputaient, maman déclarant que c’était la dernière fois qu’elle mettait les pieds chez sa belle-sœur Irma, qui n’était bonne qu’à la rabrouer, et lui répondant à ma mère qu’elle était d’une susceptibilité ridicule, que sa sœur était excellente et qu’il n’allait pas se fâcher avec elle pour de sottes histoires de femmes… Non, le dimanche n’était pas un jour bien gai…

Mais il y en eut un où tout alla particulièrement mal. Pendant la messe, je me retournai fréquemment pour voir une fillette placée derrière moi et qui avait les plus jolis cheveux du monde, répandus sur ses épaules. Ma mère se pencha plusieurs fois pour me dire : « Si tu ne te tiens pas mieux,