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LE RESTE EST SILENCE…

dira du mal de ta mère, je te le promets, personne… Calme-toi, mon chéri, calme-toi…

Et mon père quitte son chapeau. Il n’ira pas chez sa sœur. Il y renonce. Je vois maintenant combien je suis plus fort que lui. Mais comment ne le serais-je pas ? Aucun doute, aucun soupçon n’ont effleuré mon amour, ma confiance dans celle qui nous a laissés…

— Et puis, dis-je, il ne faut pas t’en aller. Qui sait si maman ne va pas revenir ? Elle a voulu te faire peur, elle rentrera peut-être tout-à-l’heure…

— Tu crois ?

De quel ton naïf il me dit cela ! A-t-il oublié la scène atroce de ce matin ? Mais il n’a plus qu’un désir, que sa femme revienne, qu’elle ne le laisse plus si seul, si désemparé, avec ce pauvre gosse éperdu !

Et nous voici, tous deux, enfantinement, prêtant l’oreille aux moindres bruits.

Plusieurs fois, nous entendons sonner ; la porte s’ouvre, se referme, des pas font retentir l’escalier, notre cœur bat, nous re-