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LE RESTE EST SILENCE…

— Mais tu reviendras, tu me le promets ?

— Oui, oui… je… reviendrai !

Elle éclata de nouveau en sanglots, et appuyant ses mains sur ses yeux, elle laissa tomber sa tête sur mes genoux. Et je pleurai avec elle, tout en essayant de la comprendre, de la caresser et de la consoler.

La pendule sonna quatre heures. Ma mère sursauta, se leva, courut à son cabinet de toilette, bassina ses yeux et se passa une houppette sur les paupières et sur le nez.

— Crois-tu ? dit-elle en revenant vers moi, j’allais oublier ma boîte à poudre !

Elle l’enferma dans son sac et commença à mettre ses gants. Elle s’empara aussi de son ombrelle… Et, soudain, elle se jeta sur moi, me serra contre elle comme si elle avait formé le dessein de m’écraser, et me regarda longuement, muettement, sans une larme.

— Embrasse-moi, Léon, dit-elle d’une voix étouffée.

Je l’embrassai une fois encore, à travers sa voilette baissée ; elle tapota ses cheveux,