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LE RESTE EST SILENCE…

tu te souviendras de tout ça, quand tu comprendras, pardonne-moi, souviens-toi que j’étais bien faible et bien tendre, et qu’il ne faut pas m’en vouloir. Il m’en a voulu, ton père, et regarde un peu tout ce qui arrive. Rappelle-toi que je t’aimais bien ; même si les apparences sont contre moi, ne l’oublie jamais ! Je n’ai jamais aimé vraiment que toi, Léon, je te le jure. Il y a bien longtemps que je serais partie, si tu ne m’avais pas retenue ici… Vois-tu, je serais folle de chagrin, si je pensais qu’un jour, tu puisses me mépriser ou me garder rancune. Ne crois jamais un mot de ce que ton père dira de moi. Les hommes sont tous des menteurs, et si, un jour, tante Irma te dit quelque chose contre moi, réponds-lui que c’est elle qui a rendu mon intérieur impossible et qu’elle est la cause de tout. Pour toi, Léon, je resterai toujours ta petite mère, qui venait te border, chaque soir, dans ton lit…

— Reste, maman, reste ! hasardai-je craintivement.

— Non, il faut que je parte.